Histoire et définition de l’éthologie

 Histoire et définition de l’éthologie

Histoire

Pour Niko Tinbergen, l’un des fondateurs de cette discipline avec Konrad Lorenz et Karl von Frisch¹, l'éthologie est la science objective du comportement. L’individu et ses comportements sont étudiés à l’aide des méthodes propres à la biologie. L’approche repose essentiellement sur l’observation naturaliste du sujet d’étude.

L'éthologie étudie la structure du comportement, c'est-à-dire le mode d'expression des séquences motrices (éthologie descriptive), ses causes immédiates, sa fonction, c'est-à-dire sa signification biologique, son développement chez l'individu et son évolution chez l'espèce.

L’éthologie moderne est née des observations de terrain, en réaction aux approches antérieures du comportement, comme le behaviourisme² avec Pavlov et Watson, qui reposaient essentiellement sur des expériences en laboratoire. L’éthologie prend en compte l’environnement naturel dans lequel évolue l’individu, le groupe d’individus ou l’espèce étudiée.

L’éthologie s’est d’abord intéressée à l’animal, mais au-delà d’une meilleure connaissance des espèces étudiées, la motivation initiale était de mieux comprendre les fondements du comportement humain. Konrad Lorenz, la figure de proue de l’éthologie moderne, avant d’être un biologiste du comportement était médecin et recherchait dans l’étude éthologique des comportements des réponses à ses interrogations sur le « fonctionnement » de l’être humain pour mieux le soigner. C’est donc tout naturellement que l’être humain est devenu un sujet d’étude pour l’éthologie.

Irenäus Eibl-Eibesfeldt, le plus connu des élèves de Konrad Lorenz, a été l’initiateur de l’éthologie humaine. Par son travail sur les universaux, il a pu montrer l’unicité de certains comportements chez l’homme. Le rire et le sourire se retrouvent, par exemple, chez toutes les ethnies humaines, même si leurs significations peuvent varier d’une culture à une autre. Il s’agit effectivement d’un comportement inné puisqu’il apparaît spontanément même chez des enfants sourds et aveugles de naissance.


La culture peut influencer de façon très importante l’expression de ces comportements innés. 


Le sourire de la mère à son enfant qui s’exprime naturellement est inhibé dans la culture japonaise. La mère ne sourit pas à son enfant en public, contrairement à ce qui est observé dans les sociétés occidentales, par contre ce comportement inné réapparaît naturellement dès que la mère japonaise se retrouve seule avec son bébé.

La plupart des comportements, pour ne pas dire tous, ont une composante innée dont il faut tenir compte pour le bien-être de l’individu. Toutefois, cette composante innée, y compris dans les comportements de l’être humain ne doit pas nous faire oublier que l’expression des comportements est fortement influencée par le milieu environnant et la culture dans lesquels ils se manifestent. De ce fait l’interprétation d’un comportement doit prendre en compte sa fonction biologique, sa signification culturelle et le milieu dans lequel il est effectué.

Au cours des dernières décennies l’éthologie a connu un développement considérable, en s’intéressant notamment aux animaux domestiques, à ceux en parcs animaliers, à l’homme dans son milieu de vie habituel en passant par la compréhension du développement du jeune enfant.

La découverte du principe de l’empreinte par Konrad Lorenz chez l’oisillon a permis de mettre en évidence le phénomène d’attachement qui se met en place entre une mère et son enfant. La compréhension de ce phénomène a permis de mieux prendre en charge les jeunes enfants hospitalisés et de faire disparaître l’hospitalisme, forme de grave dépression qui touchait ces enfants.

La transposition à l’homme des notions de distance personnelle, distance sociale, distance critique, distance de fuite, décrites par Hediger, a permis à Edouard T. Hall de mettre en évidence l’existence de distances dans les relations humaines (proxémique). Celles-ci bien qu’étant universelles peuvent prendre des valeurs variables selon les cultures. La connaissance et la prise en compte de ces distances lors de relations interindividuelles sont particulièrement importantes, puisque le non respect de la distance appropriée peut déclencher, par exemple, des comportements agressifs ou de fuite et en tout état de cause, une sensation de malaise.

Par ses méthodes originales et ses concepts spécifiques issus de l’étude des êtres vivants, l’éthologie contribue à la résolution de nombreux problèmes actuels de la société humaine. 

C’est tout naturellement que l’éthologie moderne trouve de nombreux champs d’application dans des domaines aussi variés que les interactions sociales, la santé, l’urbanisme, le marketing…


Notes       ¹ Konrad Lorenz, Niko Tinbergen et Karl von Frisch ont obtenu le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1973 pour leurs travaux sur le comportement.


² Behaviourisme : courant de la psychologie fondé par le psychologue américain J. B. Watson et pratiqué essentiellement aux Etats-Unis. Il se propose d'observer le comportement animal et humain et s’intéresse en particulier au phénomène de stimuli/réponses. Par exemple, le behavioriste s'interroge sur la façon dont les événements qui succèdent à une action sont déterminés (récompenses, punitions, etc.) ou atténués.


Bibliographie       Eibl-Eibesfeldt I. (1973), L’homme programmé, Flammarion, 1976

Hall E. T. (1966), La dimension cachée, coll. Point Seuil, 1978

Lorenz K. (1965), Essais sur le comportement animal et humain, Seuil, 1970

Lorenz K. (1978), L’homme dans le fleuve du vivant, Flammarion, 1984

Lorenz K. (1978), Les fondements de l’éthologie, Flammarion, 1984

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